Ça coule, ça brosse et brosse rapide, ça se déverse à flot et parfois ça se noie. Ça s'embourbe, disparaît, se relève et s'échappe sans cesse – Ça vit – Ça barbotte un moment dans une flaque de bleu et repart ensuite dans une hachure de brun. Ça brouille les pistes et oublie tout. Ça cherche à saisir dans le chaos du monde, les formes de l'instable.

Parfois le geste est suspendu et le regard se pose ; les images défilent, mais rien ne les retient : ce qui compte, ce n'est pas la représentation des choses mais leurs transformations. Le tableau est fragment, moment d'un phénomène. Loin des bords, le hors-champ agrandit les espaces. Du plein au vide, d'une couleur à une autre, des échos silencieux indiquent des possibles. D'une forme à une autre, la ligne relie, délie et tente de cerner. Des lumières traversent des zones sombres, jouent du clair et de l'obscur, de la transparence et de l'opaque.

La peinture se fait paysage. Comme lui, elle nous contient. Elle a besoin de temps pour se livrer, s'en imprégner, pour oser s'y perdre et s'y retrouver. Elle dit les climats intérieurs, le changement des saisons, le lien aventureux du mouvement de l'être. Points de vue multiples, perspectives ajoutées, changements climatiques de l'intime et du monde.

LLL / 20118

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